Messages : 680 Date d'inscription : 19/12/2010 Age : 59
Lun 17 Juin - 17:59
Le Naufrage De l'AmourBy Annibal
[justify]A la fine lueur de l’aube, alors que Jupiter prends son envol pour asservir les ténèbres, Annibal se dirige d’un pas sur vers son majestueux Porte Ballon, le Phénix Noir. Il somme ses cuisiniers et ses druides, il fait son tour, il s’assure de l’avitaillement, des cales, le voyage sera long. Du soufre pour les canons, du cristal pour les turbines, mais surtout des barils de Rhum qui débordent de liqueur vivifiante
Il lève l’ancre pour une traversée de plusieurs pleines lunes. Il brave les océans interdits suivant les échos des vagues à la recherche de l’Atlantide et ses trésors infinis. Poséidon amusé par le ballet fiévreux de ces fragiles mortels lève ses vagues débordantes. Le majestueux porte ballon n’est que piètre embarcation de fortune qui chavire entre deux vagues. Annibal tient la barre, il regarde d’un œil soucieux son équipage qui œuvre désespérément à maintenir le flot. Soudainement un bruit assourdissant, la coque se brise en deux. La proue sombre dans les profondeurs de l’oubli engloutissant avec elle toutes ces âmes perdues.
Annibal s’accroche à un mat brisé qui flotte à la dérive, rescapé contraint d’une sombre destinée qu’il aurai aimé partager avec son équipage. Quelques jours plus tard, il est pris par la torpeur de la soif. Son esprit s'égare dans les brumes de la mort. Pensées obscurcies, regard hagard, il sursaute a l’écoute d’un cri aigu qui déchire son cauchemar. Une mouette, qui survole un sable fin blanc accueillant. Une plage, un rocher, un ciel bleu, une brise.
Il ferme ses yeux : Est-ce mon imagination, ma vue intérieure, une extase que je vis alors que je dors pour l’éternité ? Il rouvre ses yeux et voila une forme parfaite et resplendissante qui avance en se déhanchant légèrement vers lui. Une crinière ondulante caresse ses formes parfaitement rondes. Elle se baisse vers lui alors que sa vie chavire. D’un geste de sa main, elle fait reculer sa douleur et son mal. Elle dessine sur son visage une lueur de joie, au milieu d'un sourire. Toujours affaibli, Annibal se hisse et s’affale sur un tronçon de cocotier. Et la belle créature commence à chanter. Annibal est soudainement charmé à l’écoute de ses litanies de douceurs amoureuses. Il se lève a son encontre et ils dansent, dansent, aux rythmes enchanteurs d’une symphonie d’amour. Inspiré, il met un genou sur le sable doré :
« Bien que j’ai enduré orages et tempêtes, ce fut les vents d’amour qui ont remplis mes voiles et m'ont guidé vers ce rivage, vers toi ma déesse. Tu as illuminé mes longues nuits sombres alors que j’ai navigué pendant des mois les eaux de l’insécurité. Ton regard bienveillant ne m’a jamais quitté. Tu as envoyé tes vagues d’amour pour me guider vers la sécurité de ce rivage étranger. Ce soir mon cœur est pris par un amour si grand, mon âme est sous l’emprise de ta beauté. Le temps et mon autre vie soudainement sans intérêt. Je me tiens debout juste là, sur la jetée, à prendre plaisir enivré par le regard de ma dulcinée.
Les soirs s’enchainent sur la lagune, suivis de soleils chaleureux qui prennent la relève des lunes. Les rayons réchauffent nos cœurs, on ne contrôle plus nos mains. On s’étend sur le sable fin, dans un bonheur infini. Ton corps se fond dans le mien alors que nous pensons plus au lendemain. Nos lèvres avides se rejoignent alors que les frissons de l'amour nous gagnent au rythme de nos corps qui s’enlacent pour se confondre. Apaisés nous sombrons dans le sommeil calme et serein de l’amour.